mercredi 9 avril 2008

Voyage d'un jour - deuxième partie

Ça y est, Paris est loin. En tout cas, pour toi c'est loin ... Toi pour qui le bout du monde, c'est chez tes grands parents. Mais en réalité, tu es encore si proche de la capitale ... Les paysages, toujours aussi gris, défilent devant tes yeux. Alors ce n'est pas seulement à Paris qu'il ne fait pas beau ? Les régions que tu traversent te semblent vides, hostiles, plates, grises forcément, inhabitées sans doute. Qui voudrait vivre là ? Il n'y a rien. Rien à faire sinon rester enfermer dans une maison au milieu de nulle part, avec trois vaches autour.
Tu finis par t'endormir, à cause du bruit régulier de la voiture, des légères secousses, du confort de ta couverture et de ton oreiller, et puis aussi toute cette absence de couleur qui te fatigue. Tes pensées s'envolent et quittent la voiture. Tu penses un peu aux vacances qui vont venir, à tes amis que tu as quitté il y a un peu plus d'une semaine et que tu ne reverras sûrement qu'en septembre ... A d'autres amis aussi, tes vrais amis, ceux que tu vois encore moins souvent. Eux, ils vivent loin de chez toi. Tu aimerais bien leur parler plus souvent
...

"Tiens, tu te réveilles au bon moment ! On va bientôt voir la mer."
Oui, tu t'étais bien endormi, et tu t'es réveillé sans vraiment t'en rendre compte. La mer ? Tu te redresses, bien sûr tu l'as déjà vue la mer, tes parents t'ont déjà emmené à la plage, pour les vacances ... Ou peut-être pas. Mais c'est toujours la même chose, la même curiosité. Il faut dire qu'à Paris, la mer tu ne la vois qu'en photo, ou en carte postale. La Seine, c'est bien beau - et encore - mais ça n'a rien à voir.
Evidemment, de ta place, on ne voit pas grand chose. Et puis il fait tellement gris qu'il est difficile de distinguer la mer du ciel. Mais tu persévères, et tu finis par apercevoir ... Oh, trois fois rien. Tu as assez d'imagination cependant pour te dire que tu ne vois pas simplement une bande grisâtre à l'horizon, mais une quantité inimaginable d'eau froide, salée, agitée, et tellement profonde que tu ne pourrais pas en voir le fond. De l'eau qui s'étend si loin qu'on a besoin de plusieurs jours pour atteindre l'autre côté en bateau. De l'eau avec toutes les bestioles qui vivent dedans, de la pauvre petite bactérie à la baleine. Bref, la mer
.
"On passe chez le type et on essaie d'aller à la plage, d'accord ?"
Le type, c'est pour lui que ton père fait le voyage. Ça ne te concerne pas trop, toi, c'est ses affaires. Il fait ce qu'il veut. En plus, ça ne t'intéresse pas, alors ... Tu restes dans la voiture pendant qu'il discute, il prend son temps. Tu as encore sommeil.

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