mardi 8 avril 2008

Stratège

Un sourire. Il n'en a pas fallu plus pour que la partie s'engage, que la guerre commence. Ça tient à peu de choses. J'ai l'habitude maintenant, mais le début m'impressionne toujours, j'ai les mains qui tremblent, et les yeux fixés sur le terrain vide. Pour commencer, la zone nord-est. Hypothétiquement, je compte m'installer là. Quant à lui, calmement, il vise l'opposé, le sud-ouest. Pour le le moment, on ne fait que s'observer de loin, jeter quelques repères, rien de bien méchant. On a le temps pour ça.

Les choses sérieuses commencent quand, moi la première, je menace son côté. Il réfléchit un peu. Pas trop, ce genre de situation est trop courant pour lui ... Défendre simplement ? Attaquer celui que je viens d'envoyer en éclaireur ? Il paraît reculer sagement, mais je sais à quoi m'attendre. Je recule moi aussi, je ne veux pas me faire enfermer.

Il a l'initiative, à lui de m'attaquer. Au nord ? Directement ? Il abuse, et je n'ai pas l'intention de me laisser faire : je l'attaque sévèrement, et au lieu de chercher à fuir, comme je le croyais, il tente de s'installer chez moi. Il plaisante, non ? D'un coup je supprime toute sa base de vie, il n'a plus de solution, il faut sortir de là s'il ne veut pas mourir. Bien sûr, je le poursuis, pas question de le laisser s'en tirer comme ça.

Le combat commencé au nord s'est prolongé jusqu'à l'ouest. Si je n'arrive pas à le tuer, ça sera catastrophique pour moi ... Alors que je crois l'avoir enfin définitivement privé d'yeux, le voilà qui attaque un autre de mes groupes. Que faire ? Si je me défends à droite, il arrivera à vivre là où je voulais le tuer. Mais si je l'achève, il tuera lui-même un groupe à moi. J'aurais voulu tout sauver, mais ça paraît impossible. Cruel dilemme. Stress. Et par ici ? Est-ce que ça ne résoud pas tous mes problèmes ? Je réfléchis, je calcule, je vérifie, encore et encore. Si j'ai raison, il peut abandonner. Si j'ai tord, c'est moi qui ai perdu. Le tout pour le tout ? Je me décide. J'ai l'impression de sentir mon coeur battre cinq fois plus vite que d'habitude, et je tremble tellement que je croise mes mains pour ne pas le montrer.

Il répond, mon coeur rate un battement, avant que je me rende compte que ma stratégie fonctionne toujours. Un, deux, trois ... Oui, ça marche. J'ai gagné ? J'ai gagné, hein ? A moi de répondre. Décidée à ne pas le regarder, je reste la tête baissée. Après quelques minutes qui me paraissent une éternité, pendant laquelle j'entends la pendule à ma droite, ainsi que celle des voisins, et celles de la table derrière, il avance la main et laisse tomber quelques pierres sur la table.


"Bien joué. Merci pour la partie."

Enfin je respire.

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