vendredi 11 avril 2008

Caféine

C'est la lumière perçant entre les volets mal fermés qui te réveille, ton lit est plutôt mal placé pour ça ... Tu tournes paresseusement la tête, la nuit a été courte, et il est tôt. Les autres dorment encore, tous, celui à ta droite comme ceux au niveau du sol. Ton portable ... Il doit être dans la poche de ton jean, tu tends la main pour l'attraper. Sept heures vingt-neuf. C'est toujours toi qui te réveille le premier. Tu pourrais te rendormir, mais pour une fois, tu as envie de profiter du temps. Ce n'est pas parce que c'est les vacances qu'il faut passer toutes tes matinées à dormir.

Par contre, pas question de les réveiller. Très lentement tu te redresses, tu attrapes ton jean et ton t-shirt et tu glisses jusqu'au bout de ton lit. Pas moyen de descendre sur le côté, il y a quelqu'un. C'est dans la pièce à côté que tu t'habilles, par mesure de précaution, et toujours aussi doucement tu traverses la pièce, descends les escaliers qui grincent. Epreuve suivante : la porte. C'est incroyable à quel point elle fait du bruit quand on l'ouvre. Ce n'est même pas une question de grincement, c'est qu'elle se coince, alors il faut pousser dessus un bon coup ... Tu grimaces, tu espères que tu n'as réveillé personne.

Les autres portes cèdent plus facilement, et puis tu t'éloignes des dormeurs, qui sont au deuxième étage. C'est en arrivant au rez-de-chaussée que tu te rends compte à quel point tu manques de sommeil. Un coup de lassitude soudain, les yeux qui se ferment, un long bâillement incontrôlable, ta main qui ne trouve pas la poignée de la porte de la cuisine. Mais combien y a-t-il de portes, dans cette maison ? Beaucoup trop. Il faut tu manges, que tu trouves quelque chose pour te réveiller un peu. Café ?

Dans la cuisine, tu hésites un peu avant de te diriger vers la cafetière. C'est drôle de voir la maison comme ça, vide, sans bruit. Ce serait presque un silence oppressant si tu ne connaissais pas si bien les lieux. Cette maison c'est ton enfance, tes vacances d'été comme d'hiver, tes Noël et tes Pâques. Même en fermant les yeux, tu peux tout deviner : à ta droite la fenêtre qui donne sur la cour et la maison des voisins, stupides voisins d'ailleurs, tu ne les as jamais aimés. C'est la guerre entre vous. A ta gauche le buffet, recouvert de choses inutiles, de livres de cuisine, de stylos, de papiers, de photos. Derrière, la grande table, épaisse, solide, elle a toujours été là.

La café est prêt, tu t'en sers une grande tasse, pas de quartier. Le sucre, où est le sucre ? Dans le placard, bien sûr, tu le savais. C'est la fatigue. Un sucre, deux sucres, trois sucres ... quatre, cinq. Tu détestes le café, mais tu sais qu'il n'y a que ça pour te réveiller. On t'avait parlé de thé, mais tu n'aimes pas ça non plus, alors ... Après avoir longuement remué, il est temps de te jeter à l'eau. Avec un peu d'appréhension, tu approches la tasse, y trempes tes lèvres ... Grimace, haut-le-coeur. Non, imbuvable. Tu reposes la tasse sur la table, tant pis. Quelques portes plus loin, le canapé du salon semble t'appeler.

Finalement, tu te rendors. Manque de volonté ...

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